Pourquoi certains orques ont la nageoire dorsale complètement courbée ?

Avant tout, petit cours de physique et d’anatomie animale !

La majorité des cétacés ( mais pas tous, nous le verrons plus bas ) arborent 4 nageoires, qui ont toutes des fonctions et des tailles particulières suivant les besoins de l’animal.

Un peu comme les ailes d’un avion, les nageoires aident principalement au déplacement et donc à la maîtrise de 3 notions de mouvement dans un espace constitué de 3 axes (3D) : le tangage, le roulis, le lacet.

Tous les déplacements possibles sont la résultante d’un nombre infini de combinaisons dans ces trois axes à laquelle on ajoute la vitesse !

Structures et fonctions :

Les nageoires pectorales :

Maintenues par un squelette, cet assemblage de petits os qui sont issus de leurs origines quadrupèdes, permet à l’animal une grande plage de mobilité ! Elles permettent en effet la stabilisation générale de l’animal, les changements de direction dans les 3 axes et accentuent le freinage.

La nageoire caudale :

Non pourvue d’os, c’est pourtant le moteur, le moyen de propulsion de l’animal ! Elle est mue par un ensemble de muscles dorsaux et abdominaux très puissants permettant les grands mouvements de bas en haut mais aussi permettant des prises de direction influant sur le lacet et le tangage. Certaines espèces gardent tout de même un héritage de leurs origines quadrupèdes, comme la baleine franche, ou l’on peut constater un reste des membres osseux constituant les pattes arrières :

(* Les poissons ont une nageoire caudale verticale quant les cétacés l’ont horizontale ?

Eh oui, La nature fait tout simplement bien les choses ! Les poissons voués à rester sous l’eau ont une nage et des organes adaptés à leurs déplacements “rectilignes”. Les cétacés, qui doivent respirer en surface et plonger ont cette différence pour favoriser ce type de déplacements et d’avoir la possibilité de garder leur caudale constamment immergée lors des nages en surface, pour une meilleure efficacité.)

La nageoire dorsale :

Soutenue par un tissu conjonctif fibreux contenant entre autres, du collagène. Il n’y a donc pas de squelette. Elle aide à la stabilisation du roulis et réduit les perturbations de l’écoulement de l’eau. L’animal n’ayant aucune possibilité de contrôle de mouvement sur cet organe, l’aileron à donc plus une fonction de dérive finalement ! mais qui se montre ultra efficace pour garder la stabilité à haute vitesse lors des changements de direction (lors des chasses), elle réduit par conséquent l’effort que l’animal doit produire puisqu’elle accentue les changements de direction.

En fonction des besoins de l’animal, la nature peut facilement l’effacer pour certains ! Le lissodelphis, par exemple, est totalement dépourvu de nageoire dorsale, pour accentuer l’hydrodynamisme à son maximum et peut s’en passer de fait de son petit gabarit et de son profilé, qui ne génère pas tant de perturbations que cela ! De même que la baleine franche du Groenland dont l’absence d’aileron lui permet de circuler aisément parmi les glaces flottantes et peut s’en passer puisque lente dans ses déplacements et sa recherche de nourriture !

Lissodelphis by Mammal Watching

Mais ce n’est pas tout ! A l’instar des oreilles des éléphants ou des fennecs, ou de la langue des chiens, les nageoires dorsales, caudales et pectorales aident également à éliminer l’excès de chaleur lors d’activités intenses, comme la chasse.

L’excès de chaleur, généré pendant que les cétacés nagent, est alors libéré dans l’eau et l’air ! Une fonction qui est assez méconnue finalement !

Les raisons de cet effondrement de la nageoire :

La nageoire dorsale améliore donc l’hydrodynamisme des orques et des autres cétacés. Elle les aide à se glisser dans l’eau plus efficacement et une orque sauvage parcourt souvent des centaines de kilomètres en une journée. Elle passe une bonne partie du temps totalement immergée, ce qui amplifie la résistance et muscle la nageoire dorsale. L’eau exerce une pression sur la nageoire qui maintient les tissus à l’intérieur sains et fermes. L’aileron est donc musclé et reste droit !

Le phénomène que l’on constate pour les orques en captivité semble évident !

  • Plus souvent en surface que sous l’eau, pour effectuer des numéros sous les yeux des spectateurs
  • Peu d’activité physique comparé aux  besoins anatomiques journaliers
  • Peu d’espace, comparé aux besoins vitaux de l’animal

Le muscle s’affaiblit et tombe sur le coté….L’effet dramatique n’est pas seulement la perte de ce muscle : La réduction de l’activité physique provoque l’hypotension artérielle. Tout cela ajoute à leur dégradation physique et donc des maladies graves entrainant une mort prématurée.

orque en captivité

Certains orques sauvages et libres peuvent toutefois avoir leurs dorsales courbées.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que l’effondrement des nageoires dorsales chez les orques sauvages pourrait être dû à l’âge, au stress, aux blessures ou aux altercations avec d’autres orques.

En 1989, les nageoires dorsales de deux orques mâles se sont effondrées après avoir été exposées au pétrole lors de la marée noire de l’Exxon Valdez. Il s’agissait là clairement d’un signe de mauvaise santé et les deux épaulards sont morts peu après que l’effondrement des nageoires fut documenté.

*Pourquoi les orques et pas les autres cétacés comme les Dauphins ? 

Tout simplement pour une question de proportion, de taille. Comparées aux ailerons des dauphins, larges en leur base et relativement peu élevés, la nageoire dorsale de l’orque mâle même si également bien implantée sur le dos de l’animal, peut atteindre jusqu’à 1m.80 de hauteur ! Ce phénomène est donc beaucoup plus présent sur une grande nageoire. Nous constatons tout de même ce phénomène sur certains spécimens notamment sur ce dauphin commun :

Maine Discovery

La nageoire dorsale outre sa fonction de dissipateur de chaleur et d’organe hydrodynamique nous est aussi un bon indicateur de bonne santé globale de l’animal !

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